Ticheville
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Eglise Saint-Pierre
Ticheville appartenait jusqu'à la Révolution à l'Abbaye de Saint-Wandrille (76), dont les moines avaient fait édifier un prieuré, dont nous voyons encore de nos jours les vestiges près de l'église.
Le portail nord du 12e siècle (à l'exception de ses chapiteaux), précédé d'un porche en bois du 15e ou du 16e siècle, est la partie la plus ancienne de l'église de Ticheville. Le reste de l'église a été remanié à plusieurs époques. Le clocher actuel en calcaire et granit, élevé selon les plans d'Emile Le Reculeur, remplace un ancien clocher en bois reposant sur des poteaux à l'intérieur détruit vers 1888. Achevée en 1901, cette tour, placée à l'est de l'édifice, se divise en trois niveaux : le premier abrite la sacristie, le deuxième servait de salle pour la confrérie de Charité du village et le troisième renferme le beffroi et les deux cloches. Une flèche, réparée en 1921, couronne l'ensemble. Au cours de l'édification de ce clocher, les murs du chœur ont été exhaussés.
L'intérieur a été remanié à la fin du 19e siècle avec la pose d'un décor en plâtre et la réalisation de la corniche, des moulures et des chapiteaux dans le style du 14e siècle. Malgré cette restauration, le mobilier ancien subsiste encore et présente de nombreux trésors. Le bénitier en pierre calcaire placé près du portail remonte au 15e siècle.
Un tableau sur planches en bois a été offerte à l'église de Ticheville par le Comte et la Comtesse Xavier de Pallières le 1er novembre 1960 selon une inscription sur cartel. Vraisemblablement d'origine flamande, cette œuvre réprésente la Déploration. Au gauche, saint Jean l'Evangéliste affligé tient une coupe. A ses côtés, le commanditaire agenouillé et figuré à plus petite échelle porte un phylactère. Au centre la Vierge Marie porte sur ses genoux le Christ mort. Dans la partie droite, est en prière sainte Marie-Madeleine au pied de laquelle est placé un pot de parfum. La formule latine du phylactère nous donne une indication précieuse concernant la datation « Mater Dei memento mei 1460 ». Un paysage champêtre et une ville occupe l'arrière-plan. Cette œuvre vient d'être restaurée.
Les verrières à motifs figuratifs de la fin du 19e siècle sont l'œuvre du peintre-verrier R. Desjardins. L'une d'entre elles présente la particularité d'avoir un élément conçu d'après une photographie et porte comme inscription « A la mémoire d'Emile Boisduval décédé à l'âge de 19 ans le 7 mai 1895 ses inconsolables parents ». Elle figure d'un côté saint Jean-Baptiste portant l'Agneau mystique et de l'autre côté saint Emile tenant la palme du martyr et ayant le visage réalisé à partir de la photographie d'Emile Boiduval.
Reposant sur des autels décapés du 19e siècle, les retables latéraux, en bois, ont été réalisés à la fin du 17e ou au début du 18e siècle. Ils sont ornés de motifs végétaux, de rinceaux, de coquilles et de volutes. Sur le retable latéral nord, un tableau de la Vierge à l'Enfant du 18e siècle représentent la Vierge à l'Enfant debout écrasant le serpent et enveloppée par une nuée. Celle-ci , constellée d'anges et d'angelots, laisse apparaître en son sommet le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe.
Au centre du retable sud, le tableau de saint Sébastien peint par Husset est une copie d'après une peinture d'Annibale Carrache (1560-1609). Le paysage a été simplifié avec une tour et une scène de campagne. Les archers ne sont qu'au nombre de deux et portent des uniformes de la fin du 18e ou du début du 19e siècle.
Le maître-autel galbé en bois peint de la seconde moitié du 18e siècle a été remanié et augmenté d'un reliquaire dans la deuxième partie du 19e siècle. Son tabernacle date de la seconde moitié du 17e siècle. De plan polygonal, il présente des colonnettes à chapiteaux corinthiens placés de part et d'autre de niches abritant des statuettes d'évêques ou d'abbés. La porte est orné d'un calice. Son décor est riche : motifs végétaux, rubans, draperies, rinceaux...
Le retable, de la même époque que le tabernacle, a été restauré et repeint à la fin du 19e siècle. C'est à cette même période qu'il fut complété de deux statues en plâtre polychrome de saint Pierre, patron de l'église, et de saint Wulfran, abbé de Saint-Wandrille (76), abbaye qui possédait le prieuré voisin. Son centre est occupé par deux colonnes à chapiteaux corinthiens encadrant une toile peinte par Jouvenet, de Rouen vers la fin du 17e siècle. Ce Jouvenet pourrait être Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717), membre d'une illustre famille de peintres normands et un des peintres officiels de Louis XIV. Ce tableau représente La Trinité : ses trois personnages (Dieu le Père avec le globe, le Christ portant la Croix et le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe) forment les trois pointes d'un triangle, figure géométrique symbolisant à cette époque la Trinité. On retrouve cette représentation dans le fronton à sommet arrondi. Son ornementation est en de nombreux points semblables à celle du tabernacle (motifs végétaux...) et diffère par la présence de pots à feu, de têtes d'enfant et d'oiseaux, d'angelots...
Si vous passez dans ce village, arrêtez-vous pour admirer les bâtiments de l'ancien prieuré qui méritent le détour.